Journal de Mysore

Journal de Mysore

JOURNAL DE MYSORE

J’y décrirai ici mon expérience de la pratique à Mysore : ce que j’apprends, les choses sur lesquelles je bloque, les moments de doute, mais aussi de joie; histoire de vous donner une idée de cet endroit merveilleux où tout un tas de yogis viennent étudier et pratiquer.

Mardi 29 décembre 2015

« Le premier mois c’est l’excitation, le deuxième la douleur, le troisième la joie »

WD-yoga-Linda

Les dernières semaines ont été rudes niveau pratique. Des douleurs, des courbatures, des muscles qui refusent de s’étirer, des postures autrefois agréables devenues difficiles voir même impossible à faire.

Un matin particulièrement difficile, alors que je peine à m’étirer en flexion avant, Vijay s’arrête devant mon tapis et me dit : « Don’t worry. It’s part of the transformation ». Quelque part, ses mots me réconfortent. Alors qu’un autre professeur me disait que je ne pratiquais pas encore assez, qu’un autre me recommandait carrément d’arrêter l’Ashtanga pour me consacrer au Hatha,  le mot « transformation » m’ouvre au moins une porte sur quelque chose de positif. Alors, je décide d’écouter celui que j’ai choisi comme guide. Après tout, je suis venue à Mysore pour pratiquer avec Vijay. Et mes douleurs ne sont apparues que lorsque je me suis décidée à aller tester d’autres cours, pour « avancer » pour « faire mieux » pour « arriver à ». Alors qu’en fait Vijay me connait, le fait qu’il ne me pousse pas à faire certaines choses, qu’il me force à en faire d’autres, c’est simplement qu’il fait son travail. Le mien c’est de lui faire confiance.

Mysore est une chouette ville, surtout pour celles et ceux qui y séjournent pour pratiquer le yoga. Mais tout le monde a son point de vue, son professeur, sa façon de faire, et il est très facile de se perdre et de ne plus trop savoir ce que l’on devrait faire ou éviter de faire. Le déclic s’est fait pour moi grâce à une très bonne amie alors que j’étais sur le point d’arrêter les cours avec Vijay, elle m’a simplement dit : « Ton corps est intelligent. Et la réponse, tu la connais déjà. »

Donc oui, j’ai le sacrum mal aligné, les ischios-jambiers qui me lâchent, le cerveau épuisé de trop de cogitation. Mais dans le fond, j’en reviens à cette phrase que l’on m’a répété mainte fois ici : le premier mois est fait d’excitation (drop backs quotidiens whohooo!), le deuxième de douleurs (J’ai mal là, là, là et là même quand je dors) et le troisième de joie lorsque tout se débloque et qu’enfin, ces 2h de pratique quotidienne deviennent un vrai plaisir, un enchaînement fluide, une succession d’inspirations et d’expirations profondes qui ressemble au son des vagues, et un esprit qui s’ouvre peu à peu face aux pensées qui doucement s’effacent pour laisser place au soi, sans égo, sans critique, juste ce qui est.

Mardi 1er décembre 2015

Santosha, le contentement

Buddha Heart Center-1

Je m’étais mis en tête de faire 2 pratiques d’Ashtanga pas jour. A 17h15, je posais mon tapis encore humide du Mysore matinal, et je reprenais la Première Série depuis le début, en face de mon autre professeur Prakash. Autant vous dire que ma superbe idée n’a pas durée plus de 24h. Le lendemain matin, mon épaule gauche me lâchait à la 4ème salutation et j’ai dû me résilier à me poser pour m’écouter au lieu de filer à toute allure d’un cours à l’autre. J’essayais visiblement d’échapper à quelque chose.

S’écouter honnêtement n’est vraiment pas facile. Notre dialogue intérieur est rarement sympathique, et on a tendance à le recouvrir avec des activités qui nous font oublier que là dedans, ça cogite, et parfois tellement que notre corps se met à répondre en nous envoyant des signaux qui nous forcent à nous arrêter.

La pratique de Santosha nous invite à arrêter de courir après ce que l’on désire, et se poser assez longtemps pour se rendre compte que dans l’immédiat, nous avons tout ce dont nous avons besoin. Qu’il est impossible d’être heureux en se tourmentant du passé et en angoissant sur le futur. Tout est là, dans le moment présent.

Santosha c’est faire un choix, et je vous invite à le faire cette semaine par le biais de la méditation sur la bienveillance, ou méditation Metta :

  • Posez-vous confortablement et prenez quelques respirations profondes, les yeux fermés.
  • Utilisez votre expiration pour lâcher ce qui vous pèse mentalement et physiquement.
  • La pratique commence d’abord par soi : car il est difficile d’aimer les autres si on ne s’aime pas soi. Visualiser vous assis(e) devant vous. Progressivement, développez un sentiment de bienveillance envers vous-même.
  • Puis visualisez un être qui vous est cher en essayant de sentir sa présence (j’imagine souvent que je leur prends la main). Et répétez la même formule.
  •  Dans un troisième temps, visualisez une personne neutre pour qui vous ne ressentez pas de sentiment particulier. Essayez d’étendre le même sentiment de bienveillance que vous avez pour vous même. Observez les sensations qui vous parcourent, acceptez ce qui vous vient sans vous y accrocher.
  • Enfin, visualisez une personne « difficile », quelqu’un que vous n’aimez pas, ou envers qui vous avez des difficultés. Cherchez à évoquer quelque chose de positif en cette personne et à développer la bienveillance envers elle.
  • Pour terminer, visualiser ces 4 personnes devant vous, et essayez de développer la bienveillance envers chacune d’entre elles.  Puis étendez ce sentiment de bonheur et d’amour au delà pour y inclure de plus en plus de personnes (les voisins, les habitants de votre quartier, de votre ville, de votre pays, de votre continent, et pourquoi pas la Terre entière, en passant aussi par les animaux, les insectes et tous les êtres vivants…) Laissez vous submerger d’un sentiment de bienveillance envers tous. C’est si agréable!
  • Puis revenez doucement à votre assise, en prêtant attention aux sensations qui vous habitent. Prenez votre temps pour ouvrir les yeux.

Bonne pratique!

Jeudi 26 Novembre 2015

Saucha, la pureté

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(Vue du vestiaire, mon professeur Vijay en dessous d’un portrait géant de Krishna)

C’est la musique du Grand Bleu qui me réveille à 5h50. Je « snooze » parce que je suis en plein milieu d’un rêve hyper sympa avec Stromae qui est en train de me chanter une belle chanson en sirotant un lait-fraise. Je referme les yeux, en cherchant une excuse pour ne pas me lever. Mais je sais qu’il faut commencer à émerger. A 6h, mon deuxième réveil me force à ouvrir les yeux et à sortir du lit. C’est toujours dur, il fait sombre, et ce matin j’ai mal partout. Quelle idée de commencer à faire 2 pratiques par jour…

Je grogne un peu en me raclant la langue, avant de prendre une cuillère d’huile de noix de coco. En la laissant fondre dans ma bouche, je vais réveiller ma colloc au premier étage. On se fait un bref signe de la tête pour se saluer.

Parce que je ne suis pas de nature souple (vraiment), il est important de préparer mon corps à la pratique. Mon masseur ici m’a conseillé de prendre un « bucket bath » chaud le matin pour aider mes muscles à s’assouplir ; et c’est vrai qu’à 6h, même accroupie devant un seau dans une salle de bain un brin tristoune, l’eau chaude est réconfortante. Une fois habillée, je recrache l’huile et je me brosse les dents. Parfois j’ai même le temps de m’asseoir 5 minutes pour méditer les yeux fermés, juste histoire de me recentrer, d’oublier les yeux doux de Stromae et les courbatures, et laisser le son de ma respiration me bercer.

Avant de partir, je me nettoie le nez avec un Neti. Même avec 5 ans de pratique, il y a des matins où je me plante totalement sur la température de l’eau et le nettoyage me donne l’impression d’avoir bu la tasse à la piscine : ça pique !

Ces rituels m’aident à me mettre dans un bon état d’esprit pour la pratique, mais ils m’ont surtout aidée à combattre certaines allergies. Avant, j’éternuais au moins une fois toutes les 5 minutes, et mon accessoire était le mouchoir : j’en avais plein les poches. Dorénavant, je n’éternue et ne me mouche presque plus… Et je peux vous dire que pratiquer 2h avec le nez bouché c’est très très fatiguant.

Pour atteindre le shala de Vijay, je n’ai qu’à traverser la rue. Mais depuis quelques jours je me dis que ça serait sympa de me forcer hors du lit 15 minutes plus tôt, histoire de m’offrir une petite balade à pieds avant la pratique, quand le quartier de Lakshmipuram se réveille à peine, les chiens assoupis aux coins des rues, et les vendeurs qui poussent de lourds charriots pleins de tomates, de papayes, d’oignions et d’épinards le long de la route, et surtout les arbres majestueux qui créent de longues ombres avec le soleil qui se lève…

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Jeudi 19 Novembre 2015

« LE SMOOTHIE FREESTYLE »

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Ce que j’aime à Mysore, c’est que le fait d’être allergique à presque tout, et devoir manger sans gluten et quasi végétalien ne surprend personne.

Mes allergies m’ont poussée à adopter un régime de plus en plus restrictif. J’ai eu des moments de grosse déprime en rayant des ingrédients autrefois chéris de ma liste de course : fromage à base de lait de vache, noix, noisettes, poissons, sésame et soja. Mais comme j’adore cuisiner, cela m’a poussée à essayer de rendre le régime sans-gluten et végétalien délicieux.

Du coup hier je me suis lancée dans l’élaboration d’un smoothie aux graines de chia et de lin que j’avais goûté à Goa. Si vous avez la chance d’avoir tous les accessoires de cuisine nécessaires, c’est hyper facile à faire. D’ici j’ai mis 2 jours… Je vous préviens, la recette est un brin à l’arrache, mais ça marche 🙂

Pour la crème de noix de cajou:

  • 200g de noix de cajou (à mettre dans l’eau pendant minimum 4h)
  • 2 cuillères à soupe de miel (ou de sirop d’érable si vous êtes végétalien strict)
  • Une pincée de sel
  • De l’eau filtrée (à verser doucement et pas tout d’un coup!)

1- Mettre tous les ingrédients dans un mixeur et mixer à la plus grande vitesse pendant quelques secondes. Vérifier que le mélange devient crémeux sinon ajouter un peu plus d’eau. Mixer encore quelques petites minutes, jusqu’à ce que ce soit onctueux.

Pour le smoothie:

  • une petite tasse de graines de chia (en vrai j’en sais rien… J’ai balancé au pif…)
  • une petite tasse de graines de lin (pareil)
  • du miel (ou du sirop d’érable)
  • de la noix de coco râpée (fraîche si possible)
  • de la cannelle moulue
  • une grenade ou un fruit que vous aimez bien (je pense que la pomme ou la poire ça peut aussi très bien marcher)

1- Ajouter les graines à la crème et bien mélanger.

2- Ajouter le miel (2 cuillères à soupe), le lait de noix de coco (3/4 d’une boite de conserve), la cannelle (je dirai une petite cuillère à café) et un peu d’eau bouillante et mélanger toutes les 5 minutes pendant 20-25 minutes.

3. Couvrir et mettre au frais toute la nuit.

4. Le lendemain, mélanger à nouveau, goûter et ajouter plus de miel ou de sirop d’érable selon le goût, une pincée de cannelle, la noix de coco râpée, et le ou les fruits. C’est prêt!

Les graines de chia sont bourrées de fibre, de calcium (donc très bonnes pour les os), elles aident à réguler le sommeil en augmentant les niveaux de mélatonine et de sérotonine, elles stabilisent le niveau de sucre dans le sang, aident à l’hydratation de la peau, et protègent le coeur.

Les graines de lin aident à combattre la constipation et le cholesterol, et aident à prévenir certains cancers.

Quoi qu’il en soit, c’est juste bon et quand c’est bon ça fait plaisir 🙂

Bon appétit!

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Lundi 16 Novembre 2015

Note: vous pouvez cliquer sur le nom des postures ce qui ouvrira une page « lexique » avec des illustrations.

« Tomorrow you do drop-backs »

Le mec est fou. Je veux pas faire de drop-backs moi, surtout pas au 4ème jours de reprise du Mysore Style « Vijay-style » avec tous les vinyasa et l’oeil aiguisé de mon jeune prof qui grille direct les personnes qui sautent une séquence ou une posture : « Did you do Vinyasa? Was that 5 breaths? » Je suis fatiguée moi. Déjà qu’avant hier je suis restée coincée en Supta Kurmasana parce qu’il a insisté pour me lier les jambes derrière la tête. Ma voisine, une novice à l’Ashtanga, m’a regardée avec de grands yeux tristes, alors que je grognais en tentant de me libérer sans me péter la nuque.

Et oui, même la prof de yoga elle a des moments de flêmme incroyables (c’est vrai que j’ai eu une semaine criblée de soucis allergiques mais même). C’est d’ailleurs ce qui m’est venue en tête hier matin lors de la pratique guidée. Je me réjouissais à l’idée d’être « menée » au lieu de devoir me rappeler de toutes les postures de la Première Série, mais mes collocs m’ont regardée bizarrement. « La pratique guidée est hyper dure t’es folle. » Ah. En effet, malgré le fait que notre cher professeur est connu pour son compte lent, il va vite, dans le sens où avec lui, on ne peut plus se permettre les quelques breaks qu’on s’offre sans scrupules lors des pratiques Mysore. Là, on enchaîne. Et hier, je me suis perdue dans ma propre tête. Je me plaignais, je pleurais presque intérieurement. Mes sauts étaient lamentables, j’ai même respiré par la bouche (OH!). Je m’entendais me dire que j’étais fatiguée, que je voulais aller me coucher… Et puis j’ai d’un coup compris un truc. La première série je me la bouffe depuis 4 ans. Et Viijay n’a donné aucun signe d’un potentiel avancement à la deuxième série. Mais c’est parce qu’il a bien compris mon jeu. J’ai souvent la flémme de faire les postures que je n’aime pas. Je peux les faire, et je pourrai les faire encore mieux mais je me donne une excuse pourrie à chaque fois. Pour les drops backs, même chose. Il y a deux ans, Vijay avait attendu ma 4ème semaine de pratique avant de me pousser à passer en posture de Urdhva Dhanurasana en partant debout. Ce matin, il m’a regardée terminer mes 5 Urdhva en partant de la posture allongée, il a levé le menton et m’a dit « Since 2 years, no drop backs? », timidement j’ai secoué la tête. « Tomorrow you start. » Et merde. Va bien falloir avancer…

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Le « drop-back » par BKS Iyengar

Et ceci aussi pour rigoler un brin: http://www.elephantjournal.com/2011/10/top-10-reasons-why-ashtanga-is-the-hardest-yoga-practice-karmela-lejarde/